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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES

cherchent à faire passer aussi pour un personnage sacré, mais qui semble avoir été plutôt un puissant monarque du Pandjab. Ces deux hommes se disputent la possession de Sabala, vache mystérieuse qu’il suffit de traire pour obtenir la satisfaction de tous les désirs. Cette vache appartient au prêtre, mais le roi veut se l’approprier, de par son droit absolu de souverain. À la tête de puissantes armées, il attaque son rival ; au seul nom de Vacichta, son possesseur légitime, la vache divine fait sortir, des différentes parties de son corps, des peuplades entières qui détruisent les guerriers de Viçvamitra, et le prêtre se défait des cent fils de son ennemi par le houmkara, c’est-à-dire par la simple répétition de la syllabe houm, qui a une si grande importance dans les pratiques des fakirs modernes. Le combat ainsi engagé dura plusieurs générations, puisque la Bhagavata Pourana en rapporte l’issue à la huitième incarnation de Vichnou, Paraçou Rama, Rama à la Hache, issu, par les femmes, de ce même Viçvamitra, tandis que, par son père, il appartenait à la souche sacrée des pourohita. Ce héros, qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme du Ramayana, Rama Tchandra, neuvième incarnation de Vichnou, extermina vingt et une fois de suite les Kchatryas partisans du pouvoir royal, et fit don de la terre entière aux brahmanes.

Le monde s’aperçut alors que le prêtre n’est pas fait pour le gouverner : les simples vaïcyas, voire même les çoudras infimes, enlevèrent les richesses