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L’INDUS ET LA GANGE

seul demeure solidement établi dans sa propre maison ; à lui la terre obéit en tout temps ; devant lui le peuple s’incline…. Le roi qui donne la richesse au prêtre implorant sa protection, ce roi-là conquerra sans résistance les trésors, soit de ses ennemis, soit de ses amis, car les dieux le protégeront[1]. » Mais dans l’Hindoustan, la classe des prêtres, une fois constituée, ne garde pas longtemps, comme en Égypte, cette situation secondaire ; partout où l’occasion s’en présentait, elle se posait en adversaire du pouvoir royal, et l’occasion ne manquait point dans ces contrées du Gange où, malgré les efforts de tant de générations mortes à la tâche, l’homme ne parvenait pas à maîtriser la nature. Bien avant la fin des temps védiques, on voit les pourohita lutter à outrance contre les rois soutenus par les Kchatryas. Malheureusement les rares documents parvenus jusqu’à nous ont été mutilés ou défigurés par les brahmanes de la période postérieure, et présentent un fouillis inextricable de contradictions, de mensonges, de réticences pieuses. Dans le Rig-Veda, cette lutte se rattache à la rivalité de Vacichta, pourohita d’un roi gangétique, et de Viçvamitra[2], que les interpolations brahmaniques

  1. Rig-Veda, IV, I. 8.
  2. D’après Chr. Lassen, Indische Allerthumskunde, Viçvamitra était roi de Kanyakouldja, ville des Magadha. Certains documents brahmaniques reconnaissent son origine royale ou guerrière, mais prétendent qu’il s’était acquis les privilèges de la nature brahmanique par des pratiques d’un ascétisme au-dessus de toute description.