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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/352

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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

duction des nien hao, ou noms particuliers imposés aux diverses époques d’un règne, système prévalant encore en Chine, et qui, au Japon, survit à l’adoption du calendrier grégorien. Or l’institution des nien hao ne remonte pas au delà de l’an 140 avant Jésus-Christ.

La Chine ne possède probablement pas un seul document qui soit antérieur aux trois livres attribués à Confucius et mentionnés plus haut. On prétend, il est vrai, que le Tao-té-king, le « Livre de la Voie et de la Vertu », de Lao-tze, est encore plus ancien, mais la chose ne me semble pas croyable, car chez Confucius, et même chez ceux de ses disciples qui sont censés avoir rédigé ses Dialogues, le Louñ-yu, la langue et les caractères nous apparaissent encore dans un état trop primitif pour s’être prêtés à la transcription des spéculations métaphysiques du célèbre idéologue. Quant à la fameuse inscription de Yu, qu’un étudiant en vacances aurait découverte gravée sur une pierre dans la province de Hou-nañ, les lettrés la traitent de pastiche grossier et ne lui accordent aucune confiance.

Sans préjuger la question des origines du Céleste Empire, on peut donc affirmer, en se basant sur la chronologie officielle, que la littérature chinoise, loin de rivaliser d’antiquité avec celles de l’Égypte et de la Chaldée, est née après la littérature grecque et fut à peine la contemporaine d’Hérodote. Il y a plus : les originaux des ouvrages classiques, brûlés, dit-on, en l’an 213 avant Jésus-Christ par Chi-