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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

rares généalogies ne pouvant remonter bien haut, puisque l’introduction des noms de famille en Chine date seulement des premiers temps des Tcheou. Ce fut surtout après la vulgarisation du bouddhisme que cette tendance, évidemment hindoue, s’accusa chez les auteurs chinois : ainsi le I-king, le Livre des Transformations, spécimen très curieux des concessions faites au spiritualisme par le positivisme confucien, parle déjà de Fou-hi et de Cheñ-nouñ, le Génie agriculteur[1] ; même les vrais mystiques ne s’en tiennent pas là, et bientôt on voit apparaître Pan-kou avec ses 20 000 siècles, et d’autres écrivains taoïstes avec leurs 96,661, voire même leurs 740 millions d’années.

Les lettrés chinois savent très bien la valeur de ces supputations que des savants européens ont la naïveté de discuter encore. Tout ce qui est antérieur au ixe siècle avant Jésus-Christ, est considéré par les écrivains du Céleste Empire comme ouei-ki, c’est-à-dire « en dehors de l’histoire », mais on ne doit pas en inférer que toutes les données postérieures à cette date présentent le caractère d’une irrécusable authenticité. Les différentes chronologies qui ont cours parmi les lettrés ne concordent qu’à partir de l’intro-

  1. Chez les Taoïstes (prétendus disciples de Lao-tse), comme chez les bouddhistes, le mysticisme chinois a certainement une teinte hindoue. A. Jardot (Révolutions et migrations des peuples de la haute Asie) le remarque très bien, sous le rapport chronologique traditionnel, les Chinois ne fournissent pas d’autres calculs que les Hindous ; mais il semble ignorer que ces calculs sont postérieurs à l’ère chrétienne, et souvent de dix à douze siècles.