Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
329
LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

mille pays ?… Les fautes des Cent Familles ne doivent-elles pas peser plutôt sur moi seul ? — Aie soin des poids et des mesures, approfondis les lois, amende tes fonctionnaires quand ils se mettent en faute, et l’administration des quatre points cardinaux marchera comme sur des roues. » Précisément parce que l’un des livres du Chou-king (le cinquième) est intitulé Tcheou-kouañ, « Aux premiers temps des Tcheou », nous pouvons soupçonner que ni l’auteur ni ses contemporains ne connaissaient rien de cette période, et qu’ici, comme dans les chapitres de Yao et de Chouñ, le Sage donnait un libre cours à son zèle didactique. Plus tard, Mencius nous dit en effet que nul ne saurait parler avec précision des premiers temps de cette dynastie, puisque les princes féodaux avaient détruit tous les documents de l’époque[1]. Ce même livre V du Chou-king fut remanié plus tard et devint ce fameux rituel de Tcheou, le Tcheou-li, que plusieurs de nos savants prennent encore pour un précieux reliquaire des mœurs et des institutions chinoises du xiie siècle avant Jésus-Christ.

Les raisons sont nombreuses pour lesquelles il est difficile à un Européen de juger sainement des choses de la Chine. Si le Céleste Empire ne peut disputer la palme de l’ancienneté à l’Égypte ou à la

  1. Ces perpétuelles disparitions de documents et de livres chez les Chinois rappellent les prétentions de certaines peuplades Lolo, d’après lesquelles leurs ancêtres ont eu aussi des livres, mais « le chien les a mangés ».