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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/358

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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

Chaldée, il n’en appartient pas moins à ces civilisations fluviales qui sont les sédimentations primaires de l’histoire. Le royaume des pharaons et l’Assyro-Babylonie ont depuis longtemps passé dans le domaine de l’archéologie, tandis que la Chine est encore pour nous une actualité. Afin de devenir notre contemporaine, elle a sans doute considérablement développé ses institutions anciennes, mais elle ne les a pas reniées. Comme la mère d’Hamlet, elle n’a pas encore usé les souliers qu’elle portait à l’enterrement de son premier seigneur et maître, le grand Koung-fou-tse : nous sommes, à son aspect, saisis d’une certaine surprise, comme celle que produirait la rencontre d’un brenn gaulois sur les Champs-Élysées, ou la vue d’un plésiosaure prenant ses ébats au milieu des cygnes du Léman. De savants sinologues, plus chinois que les académiciens de Hañ-liñ, ont accrédité certaines erreurs : ils ne se sont pas rendu compte de la valeur essentiellement relative de la littérature historique du pays des Cent Familles. En voyant, par exemple, le Céleste Empire, à ses meilleurs moments, se rapprocher plus ou moins d’un idéal présenté par les livres prétendus historiques comme ayant été déjà réalisé aux temps légendaires, on a été logiquement amené à croire que la Chine est le pays immuable par excellence. D’autre part, en constatant l’influence tout à fait prédominante du li[1]sur la vie chinoise et sur

  1. Très improprement traduit par « les cérémonies ».