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Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/365

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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

se réunit aux bêtes féroces, peut-on l’appeler le père de ses sujets ?… Si mon prince n’est pas capable, j’ai le droit de le traiter comme un brigand, etc. »

Quand on compare les philippiques ardentes de Mencius aux écrits incolores du grand Koung-fou-tse, on se demande pourquoi le « Philosophe Rigide[1] » n’occupe que la seconde place dans le panthéon philosophique de l’extrême Orient. Ce n’est point à cause de sa venue relativement tardive, puisque le mouvement révolutionnaire inauguré par l’école confucienne n’aboutit à un système gouvernemental que sous la dynastie des Soung (960-1268 ap. J.-C.)[2]. Dans ce monde méticuleux de la Chine, une semblable préférence ne peut manquer de motifs sérieux : à notre avis, si Mencius exprime bien mieux que Confucius le fonds de révolte commun aux Chinois de son temps et à tous les peuples arrivés à une phase analogue de leur évolution, il lui reste sensiblement inférieur en tout ce qui se rapporte aux caractères spécifiques de la Chine et du confucianisme.

Depuis le ve siècle de l’ère chrétienne[3], le Céleste Empire fut le théâtre d’un mouvement philosophique

  1. C’est la traduction du nom de Meng-tse ; les œuvres groupées sous cette appellation ont un caractère beaucoup plus personnel que tous les autres ouvrages classiques : cependant il n’est pas certain que Meng-tse doive être considéré comme un nom propre.
  2. Il n’est nullement démontré que Confucius et Mencius aient réellement vécu aux temps que leur assigne la chronologie officielle.
  3. D’après la chronologie officielle.