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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

accessibilité de toutes les charges publiques à tous les citoyens, hiérarchie de l’intelligence et du savoir. De l’ensemble des écrits confuciens un Européen moderne ne saurait dégager ce programme que par une analyse minutieuse et complète ; mais les Orientaux semblent le saisir d’instinct : quand les Mandchous publièrent le Chou-king en leur langue, ils n’en traduisirent point le titre par « Livre classique des Annales », ce qui serait le sens direct ; mais ils l’intitulèrent « Livre classique du Gouvernement ».

Les deux civilisations occidentales, celle des bords du Nil et celle de la Mésopotamie, une fois parvenues à un certain degré de développement spécifique, se transportent sur les rives des mers intérieures voisines. L’Inde, enfermée dans son bassin sans issue, s’est désintéressée de l’histoire. La Chine seule, tout en élargissant progressivement son domaine, reste fidèle à ses grands fleuves, berceau de son évolution.

Le territoire de la Chine proprement dite, celui des « Dix-huit Provinces », se compose principalement des bassins de trois grandes rivières qui nous frappent par le parallélisme de leur cours : le Hoan-gho[1], la rivière des Perles, et, entre les deux, le Yang-

  1. Hoang-ho signifie litéralement « fleuve Jaune », et ce nom s’applique très bien à ses eaux, chargées de ce löss, de cette « terre jaune », étudiée par M. de Richthofen. Mais l’épithète de « fleuve Bleu » n’est donnée au Yangtse-kiang que par égard à certaines notions fondamentales de la cosmogonie et de la philosophie naturelle des Chinois. Yang, le principe