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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

la région des coulées du Yangtse-kiang ; nous y retrouvons, mais en grand, la plupart des caractères du delta nilotique. Comme les Égyptiens, les Chinois des vallées moyennes des deux grands fleuves n’ont pu arriver à la mer qu’après des labeurs plusieurs fois séculaires, qui convertirent en une contrée populeuse d’énormes étendues de boue, toujours menacées et souvent ravagées par les flots. Le territoire entier du Kiang-nañ est le produit de l’art et de la persévérance des Chinois. Si, au labyrinthe des canaux qui sillonnent en tous sens les provinces d’An-houi et de Tché-kiang, on ajoute les digues construites aux bords des lits changeants du fleuve Jaune, on obtient une somme de travail prodigieuse, même en comparaison de celui que coûtèrent les Pyramides. Mais, pour être plus utilitaires que la plupart des entreprises des pharaons, ces labeurs ne sont peut-être pas plus utiles, puisque, après tant de générations mortes à la peine, on voit encore le Fléau des Fils de Han balayer de siècle en siècle des multitudes innombrables.

On l’a vu, le Hoang-ho doit son nom aux particules de terre jaune, admirablement fertiles, entraînées par ses eaux qui en prennent la couleur, devenue, pour les Chinois, le symbole de la Terre, génératrice de toutes choses, et de l’agriculture, base de l’ordre social et de la souveraineté. Le premier empereur inscrit dans leurs annales s’appelle le « souverain Jaune ».

Cette terre, qui s’étend en Chine sur une super-