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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

confucienne de la Chine[1]. Il ne faut point oublier, d’ailleurs, que si le Hoang-ho fut le vrai, peut-être l’unique créateur de la Chine historique, le kiang, — le fleuve mâle ou Céleste par opposition au ho[2], fleuve de la Terre[3] — offrait un territoire riche et varié sous un ciel clément, et lui ouvrait une porte sur la mer, par les provinces de Fo kieñ et de Canton.

On ignore d’où sont venues les « Cent Familles », ces premiers ouvriers de la civilisation dans le bassin des grands fleuves de la Chine. Les Chinois eux-mêmes semblent n’avoir conservé aucun souvenir de leur ancienne patrie. Dans le Chi-king, ce recueil d’anciennes poésies populaires dont quelques-unes ont un caractère incontestablement archaïque, je ne trouve que deux ta ya ou odes ayant trait aux origines de la nation.

  1. La fin de cette période me semble être cette insurrection des Taïping qui ne put être domptée que par l’intervention des Européens et des Américains de Changhaï, et par la fameuse ever victorious army, sorte de légion étrangère organisée par Gordon. La dynastie mandchoue règne encore, mais elle ne saurait longtemps résister au courant de réorganisation qui a déjà importé, en Chine, les inventions de l’Occident d’abord, et, par suite, un levain de ses mœurs et de ses institutions. Certes, ce grand mouvement en est encore à ses débuts, mais, on ne peut le nier, les idylles confuciennes du général Tchen-ki-tong dans la Revue des Deux Mondes ne produisent plus sur beaucoup de ses compatriotes que l’impression de contes d’enfant.
  2. Il est difficile à un Européen de saisir la nuance entre kiang, et ho qui signifient également « fleuve ».
  3. Dans toutes les mythologies, le Ciel-père est plus jeune que la Terre-mère.