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giques ; 2o par la distinction qu’il établit entre les trois étapes de l’évolution : mécanique, organique, et super-organique ; 3o plus directement encore, par le départ qu’il fait entre les organismes individuels, susceptibles d’une différenciation poussée au suprême degré, et les organismes sociaux où elle se trouve cantonnée dans les étroites limites que lui-même a très bien déterminées[1].

Les sociologistes de tous les temps et de toutes les écoles se sont fort préoccupés des rapports entre l’individu et la société aux phases diverses du perfectionnement social ; mais lorsque les naturalistes, habitués au langage précis des sciences physiques, se sont, à leur tour, intéressés à ces problèmes, ils n’ont point tardé à voir combien étaient confuses ces notions de l’individu et de la collectivité. Le seul véritable individu, c’est la cellule, la plastide ; en la divisant, on n’obtiendrait que de la matière informe. Ces individus absolus se suffisent à tous les points de vue biologiques ; le microscope nous en révèle des myriades qui, dans leur isolement égoïste, croissent et se multiplient, luttent pour l’existence à leurs risques et périls, sans recourir au principe supérieur et fécond de la solidarité. Mais d’autres myriades de ces organismes poussés par une force dont nous ignorons absolument la nature, se rassemblent en sociétés ou colonies. À leur tour, ces organismes collectifs ou poly-

  1. Principes de Sociologie, trad. E. Cazolles et J. Gerschel, t. II ch. II.