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cellulaires se présentent, tantôt comme des individus d’un ordre secondaire, tantôt comme des parties constituantes de nouveaux groupements, formant ainsi des individus d’un ordre supérieur dont ils deviennent les tissus, les organes. Au point de vue de la biologie moderne, l’homme, l’individu dont le Contrat social de J.-J. Rousseau réglait les rapports avec la communauté, nous apparaît comme une société composée de nombreux individus d’un ordre inférieur, d’organes, ceux-ci se réduisant à leur tour à des groupes d’individus de l’ordre élémentaire, c’est-à-dire des cellules ou plastides. Un seul et même être végétal ou animal peut donc se manifester soit comme individu, soit comme organe ou membre d’une communauté représentée par un individu plus parfait, soit enfin comme une société, par rapport aux éléments qui le constituent. On est convenu de donner le nom de bions aux êtres ayant atteint le degré d’individualisation auquel sont parvenus l’homme et les animaux supérieurs.

Tout en étant beaucoup plus complexe que celle des êtres d’un ordre inférieur, l’individualité des bions est loin d’être aussi absolue que celle d’une simple cellule. Tandis que les individus monocellulaires se suffisent, non seulement pour vivre, mais aussi pour multiplier, les bions les plus parfaits doivent, pour la conservation de l’espèce, S’unir à d’autres bions de sexe différent, se soumettant ainsi à un nouveau groupement d’un ordre supérieur, le dème. L’exemple le plus élémentaire de ces dèmes