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En résumant ce que leurs travaux renferment de plus instructif et de moins contestable au sujet de l’évolution des limites sociales, voici ce que nous pouvons établir :

L’association ou la coopération, c’est-à-dire le concours de forces plus ou moins individualisées et tendant vers un but commun, apparaît avec les premiers organismes polycellulaires, presque au début même de la série biologique[1].

Aux divers degrés de l’échelle morphologique, cette coopération au travail coordonné d’individus nombreux s’obligent par des procédés naturels différents :

Au degré inférieur (celui des premiers organismes polycellulaires), par le critérium mécanique, c’est-à-dire par des liens, membranes, soudures, adhérences ou communication de cavité, etc.

Au degré intermédiaire (jusqu’aux bions inclusivement), par la nécessité physiologique résultant de la différenciation, et de l’impossibilité, pour chaque membre isolé de la communauté, d’exister sans le travail de ses co-associés.

Au degré supérieur (les dèmes débutant par les

  1. M. Kessner, professeur de zoologie à Saint-Pétersbourg, a, dans un mémoire publié il y a plusieurs années et que je connais seulement par des comptes rendus de journaux, émis l’opinion que la coopération doit être admise dans la science à titre de principe autonome et spécifique comme celui de la lutte pour l’existence, ce dernier ne suffisant point à l’explication de certains phénomènes avec lesquels botanistes et zoologistes ont à compter.