Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce point de vue, quand le régime des castes[1] y fut définitivement constitué, nous présente le développement social le plus avancé qui ait été atteint par une civilisation antique : l’esclavage de droit divin, l’asservissement au pouvoir royal n’y est plus le lot commun et indivis de toute la nation ; quoique irrévocable encore, il se trouve régulièrement réparti entre les diverses classes et à des degrés différents. En Égypte, nul mortel n’a de droits que les prérogatives à lui conférées par le caprice du pharaon ; dans l’Inde brahmanique, le pouvoir discrétionnaire du roi et du prêtre est limité par l’impossibilité de faire d’un soudra un vaïcya, et, de ce dernier, un kchatriya.

La seconde époque débute par l’apparition des Phéniciens sur la scène du monde. L’aspect politique de l’histoire se modifie profondément. Dorénavant, on voit s’éclipser les despoties orientales, et la forme fédérative républicaine devenir la règle presque constante. Aux temps « classiques », les monarchies apparaissent comme des épisodes si rares que, de plein droit, nous pouvons les passer sous silence. Le fait dominant est l’oligarchie, c’est-à-dire un despotisme basé sur le hasard de la possession et de la conquête : vainqueur et maître, captif et esclave sont, dans cette période, des mots

  1. Les castes n’apparaissent dans l’Inde qu’au temps du code brahmanique de Manou, et ne furent entièrement organisées qu’aprês une longue période de guerres et de luttes intestines.