Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/71

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Suivons d’un peu plus près la marche du progrès social à travers le temps : nous y distinguons trois périodes principales, trois étapes de l’humanité.

Dans la première, les quatre grandes civilisations égyptienne, assyrienne, hindoue, chinoise, qui, à notre point de vue, constituent toute l’antiquité ou l’époque primaire des formations historiques, sont caractérisées par un développement sans égal du despotisme, par la divinisation des fonctions coercitives. Toutes les quatre ont réalisé le principe autocratique à un degré inconnu plus tard, soit dans les classiques tyrannies, soit dans les monarchies de droit divin de l’Europe féodale et post-féodale. Les plus cruels d’entre les césars de Rome. Louis XI en France, Ivan le Terrible en Russie, approchaient tout au plus à leurs mauvaises heures, de ces despotes orientaux dont les peuples se croyaient un appendice sans valeur, une émanation dégénérée. Bénin et déjà bureaucratique avec les pharaons, militant et féroce en Mésopotamie, sombre et sacerdotal dans l’Inde, patriarcat et méticuleusement académique en Chine, le pouvoir royal est la seule raison d’être de ces antiques sociétés, où l’on distingue à grand’peine des rudiments de gradations et de nuances, presque noyés dans l’esclavage universel et perpétuel. Mais ces gradations et ces nuances préparent le passage de l’esclavage primitif à une différenciation des classes, c’est-à-dire à l’esclavage, perpétuel encore, mais déjà réglementé. L’Inde, à