Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/83

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Ainsi, les deux régions polaires n’ayant qu’un développement très faible de la vie végétale et animale, la formation de puissantes collectivités humaines y devient impossible ; le rôle de ces zones dans l’histoire est nul ou à peu près nul.

La zone torride, à son tour, avec une faune et une flore merveilleuses, n’a pas non plus produit, jusqu’à présent du moins, de civilisation occupant une place d’honneur dans les annales de l’humanité. Cette exubérance même de la vie sous toutes ses formes semble se manifester au détriment de l’énergie intellectuelle et volontaire de l’homme collectif : les habitants de ces contrées privilégiées recevant en abondance, et sans efforts coordonnés de leur part, les choses nécessaires à leur bien-être physique, sont ainsi privés de l’unique stimulant qui puisse les pousser au travail, à la science et à la solidarité.

Dans ces régions moites et chaudes, en effet, croissent sans être soumis à une culture persévérante et raisonnée, arbres à pain, arbres à beurre, dattiers, cocotiers et autres végétaux fournissant à l’homme le repas quotidien, l’ustensile où il le prépare, les fibres et les lianes dont il confectionne ses vêtements et ses engins. L’homme zoologique peut prospérer dans ces conditions, mais l’élément premier de l’histoire, la coordination puissante et permanente du travail, n’y apparaît encore que sous ses formes rudimentaires. Le « roi de l’univers » ne s’y pose pas en maître d’une nature qui le comble