Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/84

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de ses bienfaits matériels, tout en l’écrasant sous son indomptable fécondité et en le terrifiant par le spectacle farouche des cyclones ou d’autres perturbations atmosphériques, si fréquentes sous le ciel embrasé de l’équateur.

Les grandes civilisations historiques, dans l’ancien continent du moins, sont exclusivement confinées aux latitudes moyennes, ou, plus exactement, à la zone tempérée boréale, la zone tempérée australe étant, presque en totalité, occupée par les eaux. La civilisation de l’Inde ne fait point exception, car elle est originaire du haut Pandjab, qui n’appartient pas à la zone torride et dont le climat est considérablement refroidi par le voisinage des neiges de l’Himalaya. Notons que, dans cette zone tempérée du nord, les civilisations les plus anciennes, celles de l’Égypte et de la Mésopotamie, comme les civilisations aryennes de l’Inde et de l’Iran, se sont surtout épanouies dans la région voisine des tropiques, sous l’isotherme annuel de 22° centigrades[1]. Mais, depuis les temps classiques, celles qui ont hérité le plus directement de l’Égypte des pharaons et de l’Assyro-Babylonie progressent graduellement et invariablement vers le nord, ou plutôt le nord-ouest de la Méditerranée levantine, et par l’Europe occidentale, vers les États-Unis d’Amérique. Cet infléchissement du courant civilisateur fait

  1. Le Caire, Bagdad et le cours supérieur de l’Indus se trouvent sous l’isotherme de 22°.