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et des Turcs, étaient toutes dirigées de l’Orient à l’Occident. Plus tard, après la découverte de l’Amérique, l’exode des Européens vers le Nouveau Monde semble fournir des preuves nouvelles aux défenseurs de cette théorie. Pourtant, la constatation pure et simple d’un fait plus ou moins fréquent, mais sans liaison évidente et logique avec l’ensemble des phénomènes cosmiques, ne saurait avoir la portée de ce qui s’appelle une « loi » dans le langage scientifique de nos jours.

Cette prétendue « loi », du reste, souffre de nombreuses exceptions : la Grèce ancienne, par exemple, et dès son origine même, a beaucoup reçu de l’Orient asiatique : il n’en est pas moins vrai que, depuis les temps orphiques et pythagoriciens, l’apport principal lui venait des bords du Nil, c’est-à-dire du midi. La domination romaine s’est étendue a toute la rose des vents ; mais, en thèse générale, son mouvement de l’ouest à l’est du Tibre vers l’Indus, présente une amplitude autrement vaste que sa translation en France et en Espagne. Plusieurs pays, que je prends un peu au hasard sur différents points du globe, le Japon, la Polynésie, et, plus près de nous, la Russie, ont reçu de l’Occident les courants civilisateurs. En Amérique, nous observons un phénomène remarquable, et qui, d’après Élisée Reclus[1], ressemble au rebondissement d’une balle : tandis que l’invasion des Arabes,

  1. Nouvelle Géographie universelle, t. XII.