Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/91

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tagnes, les courants liquides et atmosphériques, l’abondance ou le manque de pluie, les innombrables accidents météorologiques enfin, créent entre les degrés de latitude et les lignes isothermiques des divergences parfois considérables : les parallèles ne sont que des abstractions géodésiques. C’est la marche des isothermes, en apparence si capricieuse, qui permet de saisir d’un coup d’œil les péripéties variées de la climature du globe.

En dehors d’influences déjà si compliquées, les conditions physiques d’un pays modifient encore de mille manières les destinées sociales et historiques de ses habitants, tantôt en favorisant, tantôt en entravant les progrès de la vie de relation. Ainsi, par les cataractes et les rapides infranchissables des plus puissants de ses fleuves, le Nil, le Congo, le Zambèze, l’Orange, la configuration du sol de l’Afrique en gradins superposés a suffi pour rendre l’intérieur du Continent noir impénétrable à la civilisation. Celle-ci, née probablement dans la basse vallée du Nil, n’a été introduite dans la région des sources de ce fleuve qu’après avoir fait un détour immense par la Méditerranée, l’Atlantique, le Nouveau Monde, le Pacifique et la mer des Indes. De K. Ritter et A. de Humboldt à leurs plus modernes continuateurs, les géographes ne se lassent point d’égrener le long chapelet des avantages sociologiques résultant, pour notre Europe, de l’articulation si parfaite de ses côtes, du relief harmonieusement ondulé de son sol, de la direction parallèle à