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l’équateur de ses principales chaînes de montagnes — les Alpes, les Pyrénées — et de la présence, dans les mers qui baignent son littoral, du grand courant d’eau tiède, le gulf stream de l’Atlantique.

La triple chaîne de monts inabordables, le Souleiman-dagh qui, du massif de l’Hindou-kouch, se dirige au sud jusqu’à la mer, a créé entre l’Orient et l’Occident une barrière que la civilisation n’est pas encore parvenue à franchir ; si l’Europe communie aujourd’hui avec les mondes chinois et hindou, cette rencontre a pour théâtre, non la région voisine de l’Indus, où, depuis l’origine des siècles, elle est, pour ainsi dire, coude à coude avec eux, mais les rives du Pacifique, où pourtant l’Europe et l’Asie se trouvent séparées par un vaste continent, que bordent, des deux côtés, les gouffres océaniens.

Dans nombre de cas particuliers, un simple accident de la nature d’une contrée a exercé, sur les destinées de ses peuples, des influences tout à fait topiques, très imprévues, mais décisives. Le Japon, par exemple, a dû son intégrité nationale au grand « courant noir », le Kouro-sivo, et aux écueils qui rendent si dangereux l’abord de ses rivages[1] ; de même, les brouillards et les courants des mers britanniques ont, au temps de « l’invincible Armada », protégé la puritaine Angleterre contre le très catholique courroux de Philippe II. À plusieurs points de vue, la constitution du Royaume-Uni peut être envi-

  1. Voir L. Metchnikoff, Empire japonais.