Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/97

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animale est d’autant plus étroite et circonscrite que son organisme est plus affiné, plus complexe : cela, nul ne l’ignore, et pourtant, l’homme, le plus parfait des êtres, a envahi toutes les régions du globe, depuis ces « enfers » de l’équateur thermique, où, comme dans le Fezzan, la chaleur, à l’ombre, dépasse parfois 50°, jusqu’aux toundras glacées d’au-delà le cercle polaire, où le règne végétal ne compte plus que d’infimes représentants, jusqu’aux hauts plateaux du massif himalayen où, à 5 000 mètres d’altitude, le chien, seul de tous les compagnons habituels de l’homme, a pu s’acclimater, mais en perdant la faculté d’aboyer.

Cette contradiction n’est qu’apparente : l’homme, en effet, tout en partageant avec les autres organismes vivants la précieuse propriété de s’adapter au milieu, domine cependant les animaux inférieurs par une faculté spécifique plus précieuse encore, celle d’adapter le milieu à ses besoins, faculté qui semble s’accroître indéfiniment avec les progrès de la science, de l’art et de l’industrie.

De nombreuses migrations, dont les unes sont inconnues, puisqu’elles eurent lieu dans des temps antérieurs à l’histoire, dont la plupart des autres sont à peine soupçonnées, ont sans cesse déplacé les groupes humains. Ceux-ci, souvent transplantés dans des milieux géographiques très différents des régions qui les avaient vus naître, ont apporté dans leurs nouveaux séjours des mœurs, des coutumes, des aptitudes physiques et morales développées ailleurs.