Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/99

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si capricieuse, en apparence, et à la marche progressive des civilisations de l’Ancien Monde ; je voudrais étudier les rapports et les liens intimes qui rattachent les diverses phases de l’histoire commune des peuples les plus civilisés, à un ensemble nettement déterminé de conditions topographiques et géographiques.

Ce qui me semble surtout caractériser notre siècle, c’est la tendance de plus en plus marquée de la civilisation européenne à s’universaliser, à pénétrer dans les recoins les moins accessibles de la terre, à effacer toute couleur locale, à supprimer toutes les différences. À l’heure présente, on pourrait difficilement citer, des pôles à l’équateur, sous les longitudes les plus lointaines, sous les latitudes les plus variées, un pays de quelque étendue qui soit encore à l’abri de cette triomphante invasion de l’européanisme et ne connaisse point les missionnaires de l’Europe, ses armes plus ou moins perfectionnées, ses cotonnades anglaises, ses eaux-de-vie, généralement fabriquées en Allemagne et déguisées sous des noms français. Les peuples autrefois les plus isolés, Havaïens, Siamois, Japonais, mettent un empressement sans exemple à se façonner sur notre modèle et nous empruntent, non seulement les inventions techniques et les produits de notre industrie, mais aussi nos institutions politiques et civiles, nos sciences et nos arts, voire notre langage, nos mœurs, nos coutumes et costumes. D’autres, bien plus nombreux, opposent vainement