Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, IV.djvu/341

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GARDEFEU.

Oui, ça l’a crispé, et il m’a dit : « J’en ai assez, du bois de Boulogne !… mais votre mot d’artilleurs m’a fait venir une idée : conduisez-nous au Musée d’artillerie… » Le Musée d’artillerie, je ne savais pas où c’était ; mon cocher non plus… avouer mon ignorance, c’était me perdre… j’ai répondu : « Je vais vous y conduire ! » et je les ai bravement menés au bazar Bonne-Nouvelle !… Voilà ma journée !

BOBINET.

Mon pauvre ami…

GARDEFEU.

Si je ne me démasque pas ce soir, la journée de demain sera pareille. Voilà pourquoi je tiens absolument à me démasquer ce soir…

BOBINET.

Ton baron a dû recevoir une invitation…

GARDEFEU.

Il en a reçu une ainsi conçue : « L’amiral Walter prie Monsieur de Gondremarck de lui faire l’honneur de passer la soirée… » Qu’est-ce que c’est que ça, l’amiral Walter ?…

BOBINET.

Tu ne connais pas l’amiral Walter ? c’est moi… j’ai un costume d’amiral suisse qui ne m’a servi qu’une fois et que je ne serai pas fâché de remettre.

GARDEFEU.

Mon baron aura sa soirée, alors ?

BOBINET.

Il aura sa soirée ; mais ça sera maigre… dix personnes seulement.

GARDEFEU.

Dix ?