Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/35

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jettoit sur moi des yeux mouillez de larmes. Je fus plus affligé de ces marques de douleur, que du malheureux succès de ma déclaration. Pardonnez, lui dis-je, Mademoiselle, à la violence d’un amour que je consens d’étouffer, s’il vous déplaît ; mais permettez-moi de vous découvrir mon cœur : & si je ne suis pas assez heureux pour toucher le vôtre, plaignez-moi du moins d’être la victime d’une passion que vos yeux ont fait naître. Oui, charmante personne, je vous adore, & cette passion est l’effet de vos premiers regards ; le Palais Royal a vû naître mon amour : depuis le moment cruel qui nous sépara, j’ai langui, je vous ai cherchée par-tout, j’ai soupiré ; je ne vous déguiserai rien, j’ai fait des efforts pour arracher de mon cœur la flâme que vos beaux yeux ont allumé ; votre visage victorieux