Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/45

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appeller dans son apartement ; j’y fus avec un pressentiment de ce qui m’alloit arriver ; elle me fit asseoir, & me dit : Ma chère nièce, vous sçavez quelle a toujours été ma tendresse pour vous ; je n’ai pas attendu pour vous la donner toute entière, que la mort de votre père m’en imposât la nécessité ; il se présente une occasion de vous la procurer d’une manière plus sensible : un homme de qualité riche & en place, vous fait demander en mariage ; le parti m’a paru si avantageux, que je n’ai pas balancé à l’accepter ; c’est M. de M… Je frémis à ce mot ; car cet homme dont elle vouloit me donner une idée si avantageuse, est un vieux Conseiller, qui, après avoir passé la moitié de sa vie dans la poussière d’un cabinet, veut employer l’autre à rendre une jeune personne malheureuse.