Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/188

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boutique de parfumerie au coin de la rue de la Bourse. Hélas ! aucune pièce d’or, ni d’argent. Il haussa les épaules, en souriant de sa folie ; un sourire qui n’était pas gai ! Mais en ce temps-là, au coin de la rue de la Bourse, se tenait une vieille femme, l’air d’une marchande de journaux, qui vendait des berlingots, des pains d’épice, et d’autres bonbons au rabais, rangés dans des cases sous la vitre d’un petit étal. Le poète considéra les sucreries, les considéra longtemps. Piètre nourriture, mais enfin nourriture ! Hélas ! pas un sou dans la poche. Il allait s’en aller je ne sais où, peut-être du côté de la rivière, lorsqu’il s’entendit appeler par son nom. Quelqu’un qu’il connaissait à peine, un jeune homme aussi, pas un poète, rencontré dans quelque hasard. « Comme vous regardez les pains d’épice ! » dit le passant. Le poète répondit, avec gravité : « C’est que je les adore ! — Vraiment ? — Oui, à la folie. Il y a des jours où j’en mangerais pour vingt sous. — Vous voulez rire ! Je vous parie les vingt sous que vous n’en mangerez pas autant que vous dites. — Je tiens le pari ! » s’écria le Parnassien avec un enthousiasme famélique, et il se précipita vers