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GLORIANE

laissé dire ? Ah ! oui, autrefois, nous étions imprudentes et folles un peu. C’était la mode. Puis, la griserie du commencement ! On ne regardait pas à un sourire perdu et ramassé. Maintenant nous faisons des économies. Cela nous divertissait de bavarder avec cette bonne grosse fille qui chantait la Gardeuse d’ours aux petites fêtes du Château. Nous allions aux premières, très décolletées, pour populariser notre beauté. Et beaucoup d’autres extravagances. Mais ce temps est passé. Nous sommes sévères et dignes ; nous sommes dévotes aussi. Nous avons de graves pensées. Nous parlons politique pendant qu’on nous coiffe. Il faut songer à l’avenir de la dynastie. Les républicains nous tourmentent beaucoup. Vous ne lisez donc pas les journaux ? Un cataclysme serait fort possible, si l’on ne prenait garde. Nous nous observons, parce qu’on nous regarde. Nous allons encore au Bois, mais les roses sont coupées. Et puis, trente-quatre ans. Pas moi, — elle ! Presque des matrones. Notre portrait ? En robe de bal peut-être, avec la peau qu’on voit ? Ah ! mais il n’est pas chaste du tout, votre Frédérick II ! Je m’en