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LA BELLE DU MONDE

qu’Amarante, auprès de cette jeune personne, n’était qu’une espèce de laideron. Quatre vases de la Chine volèrent en éclats sous les petits poings furieux de la princesse ! Une vivante, plus jolie qu’elle, voilà ce qu’elle ne pouvait tolérer ! L’idée lui vint incontinent de faire périr dans les plus affreux supplices celle qui avait l’étrange impudence de l’emporter sur elle en beauté.

Elle manda le neveu de l’empereur de Trébizonde.

— Seigneur, dit-elle, vous irez, s’il vous plaît, me chercher la Belle du Monde qu’un géant africain retient captive dans un château de bronze, et, si vous la conquérez, je vous jure que, cette fois, je ne refuserai pas à vos lèvres l’ongle rose de mon petit doigt.

— Oh ! madame, s’écria une demoiselle d’honneur, ne savez-vous pas que ; dans ce château lointain, la Belle du monde est gardée par mille guerriers aux têtes de lion et de tigre, qui déchirent et dévorent, en moins de temps qu’il n’en faut à un vautour pour croquer une alouette, les insensés rôdant dans le