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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/415

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MÉPHISTOPHÉLA

satan femelle d’un sabbat sans hommes, et tandis que, sur son front cornu comme celui des satyresses, flamboyait étrangement un diadème de diamants sombres, qui éveillait l’idée d’une constellation d’étoiles damnées, la Démone aux divins yeux, troussant jusqu’au nombril sa robe d’écarlate et d’or, montrait impudemment et offrait aux adorations son sexe fauve pareil à un ostensoir !

Alors les amantes, tendant les bras, agitant vers elle comme des vases de parfums leurs cheveux :

« Sois propice, ineffable Maîtresse, à celles qui méprisent les couches conjugales et qui maudissent les berceaux !

Les jeunes hommes, quand nous allons par les villes, nous font signe de les suivre et veulent nous prendre par la main ; mais nous, avec des risées de la barbe drue qui déshonore leurs mentons, nous nous retournons vers nos amies aux lèvres duvetées à peine d’un or si fin, qui tremble.

Sois propice, ineffable Maîtresse, à celles qui méprisent les couches conjugales et qui détestent les berceaux !

Des amants se jettent à nos pieds, embrassent nos genoux, puis désespérés de nos refus, ils