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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/463

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MÉPHISTOPHÉLA

rarement elle pensait éprouver en effet ce qu’elle aurait dû ressentir. Quand elle retombait sur le lit, comme mourante, à côté de la presque morte, sa feinte pâmoison n’était qu’un prétexte aux rêveries mornes de l’ennui ; elle la prolongeait, cette inertie, longtemps, très longtemps, tant elle craignait le réveil qui l’obligerait à des caresses.

Elle avait cru devoir à la monotonie de sa liaison avec Céphise cette espèce de spleen ; l’impossibilité de s’en délivrer en l’illusoire des passagères ivresses, la conduisit à penser qu’elle ferait bien de revenir toute à son amie. La seule chose qu’elle ne pouvait pas, qu’elle ne voulait pas supposer, c’était que son ancien désir vers la beauté féminine se fût enfin lassé : elle avait l’indomptable orgueil d’être demeurée pareille à elle-même. Jamais elle ne subirait l’humiliation de s’avouer moins capable des exultations de jadis. Et, avec d’emportées espérances, elle se rempara de Céphise stupéfaite et ravie. Elle se forçait à la trouver infiniment désirable. Elle se jurait que même dans les premiers temps de leur amour elle n’avait pas connu, à la tenir entre ses bras, un si absolu ravissement. L’ennui ? il s’agissait bien de cela maintenant ! elle avait été malade, rien de