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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/517

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MÉPHISTOPHÉLA

— Alors, c’est vrai, je ne me suis pas trompée ! Tu mentais et elle mentait. Tu aimes toujours Silvie, puisque tu viens chez elle ! puisqu’elle t’attendait. Oh ! tu comprends bien que je n’ignore pas ce que tu fais depuis tant de mois, depuis que tu m’as battue et chassée. Tu es épouvantable, il n’y a pas de monstre qui te vaille. Mais cela m’était égal, toutes les femmes que tu emmenais et qui s’en retournaient le lendemain avec des visages de mortes. Je les voyais sortir. Je pensais, en les regardant : « Elle ne les aime pas, elle ne peut pas les aimer. Tant que ce ne sera pas Silvie, je ne dirai rien, je me tiendrai tranquille. » Et je continuais à m’informer, à guetter. Ça ne m’était pas toujours facile, à cause du théâtre. Je ne suis pas riche, moi, et comme je n’ai pas d’amant, il faut, pour vivre, que je joue la comédie. Non ! les enragements que j’avais lorsque, tout à coup, au milieu d’une scène, l’idée me venait que, peut-être, à cette minute justement, tu étais avec Silvie, et que vous faisiez des plaisanteries sur cette pauvre Céphise, en train de jouer, qui ne pouvait pas vous surprendre. Mais, ce soir, je ne sais pas pourquoi, j’ai eu un pressentiment. Aller au théâtre, ça m’aurait été impossible. Je me suis postée devant ta porte. Ils m’attendent, là-bas. Eh bien ! ils