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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/519

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MÉPHISTOPHÉLA

Sophor dit froidement :

— De quel droit m’espionnes-tu ? Je suis libre. Je viens chez Silvie parce qu’il me plaît d’y venir et j’aime qui je veux aimer.

— Misérable ! tu vois bien que j’avais raison !

Céphise sauta sur Mme d’Hermelinge, la saisit par le cou, voulut l’étrangler ; et elle approchait, pour la mordre, sa rouge bouche aux dents haineuses. Mais, d’une seule secousse, Sophor se dégagea, envoya la comédienne rouler sur le tapis. Puis, en se levant :

— Assez de cris et de folie. Il faut que je voie Mlle Elven. Où est-elle ?

Elle marchait vers la porte qui, de l’atelier, ouvre dans la chambre à coucher ; Céphise Ador avait rampé vers elle, la retenait de ses deux bras autour des jambes.

— Reste, reste. Elle n’est pas dans sa chambre. Elle est sortie. Elle va rentrer. Tu la verras dans un instant. Je te jure que tu la verras si tu le veux absolument. D’abord, écoute-moi, j’ai à te parler. J’ai toujours ces colères. C’est plus fort que moi. Je ne peux pas me retenir. Mais je t’assure que c’est grave, ce qui se passe, que j’ai à te parler sérieusement. Et je te supplie de m’écouter. Après, si tu veux, tu verras Silvie. Oh ! mon Dieu, oui, si tu veux, tu la verras.