Aller au contenu

Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
MÉPHISTOPHÉLA

histoires, parce que pour parler on n’a pas besoin de se quitter les mains. Et comme elles étaient jolies ! l’une, avec sa rousseur sombre, mêlée de phosphorescences, et sa blancheur d’ivoire, l’autre, plus blonde, toute jeune soleil et jeunes roses ; quand elles se penchaient, leurs cheveux mêlaient des brasillements d’ombre orageuse à de l’or tendre d’aurore.

Enfin Sophie se remit tout à fait. Même, de cette crise, elle sortit grandie et renforcie, l’ossature de ses jeunes membres comme solidifiée, et, dans les yeux, une joie, un orgueil de danger vaincu. Seulement elle portait quelquefois ses mains à ses oreilles en une brusque peur. C’était singulier vraiment, elle entendait encore, mais plus lointain, plus vague, comme un écho qui se meurt, le petit rire des nuits de crise. Le médecin étonné lui demandait si, avant d’être malade, elle s’était aperçue de cette espèce de bourdonnement, de ce tintouin. Elle n’aurait pas pu dire au juste, elle ne se souvenait pas très bien ; oui, peut-être, toute petite, de temps en temps, elle avait entendu cela, mais elle n’en était pas sûre. Puis qu’importait ! elle était guérie, tout à fait guérie. Ce furent les jeux de naguère dans les jardins à la porte rouverte.

Rien, désormais, ne les sépara. Au contraire,