Depuis cet instant, sa confiance en moi devint sans bornes, ce fut ce qui me donna ce grand ascendant que j’ai toujours conservé sur son esprit. Pauvre enfant ! elle acquit tant de preuves que j’étais incapable de la tromper, que je ne lui disais que la vérité, qu’il eût été bien difficile, je crois, de lui persuader le contraire. Aussi, ai-je eu le bonheur de jouir, tant qu’elle vécut, de cette confiance sans réserve qu’elle m’accordait, et qui rendait si douce l’intimité dans laquelle nous vivions.
Je ne me serais point autant appesantie sur ces détails de la première enfance d’Élisa, s’ils ne servaient à faire connaître son caractère, qui, dès lors, devint invariable, et les espérances que devaient faire concevoir les heureuses dispositions qu’elle annonçait dès son bas âge.
Il ne manquait plus au bonheur d’Élisa, depuis qu’elle avait retrouvé des arbres, des feuilles et des fleurs, que de pouvoir me décider à lui lire les longues affiches jaunes et rouges dont on placardait les murs. Je ne lui en avais pas lu une seule, quelque prière qu’elle m’en eût faite, depuis le jour où elle avait pleuré en lisant sa leçon, comme non plus depuis je ne lui avais pas parlé une seule fois de lecture,