Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/653

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m’en rapporter à mon inexpérience, je suis venue vous prier de m’éclairer de vos sages conseils, et je dois bien de la reconnaissance à la personne qui m’a engagée à m’adresser à vous ; car vous venez, dans un instant, de trancher toutes mes irrésolutions.

— Eh bien ! maman, me dit Élisa, lorsque nous eûmes quitté M. Tissot, suis-je au moins dans une situation assez embarrassante… Tu le vois, j’ai consulté pour ma tragédie de Jane Gray les deux hommes qui ont le plus de connaissances dans ce genre ; et, certes, il est impossible d’être d’un avis plus opposé. Que dis-tu de cela ?…

— Je dis, ma chère mignonne, que tu connais la fable du Meunier, son Fils et l’Âne, et que tu feras bien d’en mettre la morale en pratique ; j’ajouterai même que Jane Gray n’étant pas de ton goût [1], tu ne dois te faire aucun scrupule de l’abandonner ; et que si tu te sens des dispositions pour le genre tragique et que tu croies pouvoir y réussir, je t’engage à revoir le sujet que dès l’âge de six ans tu voulais mettre en tra-

  1. Élisa pensait qu’on ne pouvait faire de Jane Gray qu’une tragédie en trois actes.