Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/252

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peu d’antidote à côte du poison. Dans le monde, ce qu’on appelle sagesse, n’est souvent que la pratique de cette utile faculté. La prudence est un phare dont la clarté tutélaire, en nous montrant l’écueil, nous garantit du naufrage, tant que, maîtres du gouvernail, il dépend de nous encore de conduire notre vaisseau.

— Le génie.

— Non, dit Amica avec un soupir de regret ; non, toutes les semences de bonheur que j’ai jetées dans cette âme se flétriraient sous le souffle brûlant du génie. Pourquoi faut-il que cette faculté puissante, qui initie la pensée de l’homme dans une partie des secrets de la Divinité, soit un don si fatal à celui qui le reçoit ! Hélas ! on dirait que le génie frappe au front de l’être qu’il subjugue un sceau réprobateur. La fortune se détourne de la voie qu’il parcourt, les honneurs l’évitent avec soin ; l’amour ne sait pas l’entendre, l’amitié lui sourit à peine… Mais la misère, l’envie, la haine, le mépris,