Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/359

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qu’elle en fut à l’indifférence de la gloire qui n’accorde qu’à l’ombre ce qu’elle refuse à la vie… de grosses larmes, qu’elle s’efforçait de retenir, s’échappaient de ses yeux.

« Mais n’est-ce donc pas une consolante pensée, ma bien-aimée, que de pouvoir se dire en mourant : ma mémoire vivra après moi ? Connais-tu quelqu’un qui ne voudrait avoir payé de toutes les souffrances d’Homère l’immortalité que son génie lui a acquise ? Et…

— Compte-t-on beaucoup d’Homères ? me demanda-t-elle. Il fallait bien, lui, qu’il vécût après sa mort, puisque, pour anéantir sa mémoire, il aurait fallu anéantir les preuves de son puissant génie !… Et comment alors en trouver un qui lui fût comparable ?… Tandis que moi, faible atome lancé dans l’espace, je disparaîtrai de la foule sans qu’elle s’aperçoive du vide que j’y aurai laissé ; je serai morte tout entière ; mon nom ne trouvera point d’écho, à moins que tu ne survives à ta pauvre enfant ! Alors, ta