Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/84

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de Françoise de La Marck, fille naturelle de Guillaume de La Marck, de la branche de Lumain, avaient depuis long-temps mis dans l’âme d’Adhémar un sentiment qui devait y rester autant que la vie dans son sein. Mais, timide et douteux de lui-même, cette passion le dévorait en silence : il aimait sans savoir le dire ; car, pour parler d’amour, les regards n’arrivaient pas à ses yeux, les paroles à ses lèvres ; sa voix était inhabile à traduire son cœur. Françoise l’aimait bien aussi, mais de cette affection tiède et calme qui dépense si peu d’âme, et à qui, donnée en échange d’un sentiment ardent et fiévreux, la haine même semble quelquefois préférable.

Lorsque le temps eut accompli la promesse de sa beauté, quand elle fut tout-à-fait belle, alors il vint un homme qui savait dire ce qu’Adhémar ne savait qu’éprouver, dont la bouche avait des paroles magiques et vibrantes au cœur. En les écoutant, celui de la jeune fille en résonna d’amour ; et bientôt, toute séduite et vaincue, Françoise de La