Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/100

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mort complète. Je sens qu’il y a dans moi quelque chose qui ne peut s’anéantir. La mort, de sa bouche glacée, ne souffle pas sur l’âme ; elle ne l’éteint pas comme on fait d’une lampe. Elle n’a droit, pour le prendre, qu’à ce qui appartient à la terre ; mais de ses longs bras, elle n’étreint pas, pour l’étouffer, ce qui vient du ciel, et l’âme en vient, n’est-ce pas ? Oh ! oui, elle en vient, elle y retourne. Le corps est un voile qui la couvre, comme un nuage couvre le soleil. Le voile tombe, le nuage passe, le soleil et l’âme brillent encore tous deux d’une clarté plus pure !… La vie ! la mort ! étrange problème, dont la solution résiste à toute sagesse humaine ! impénétrable énigme, dont le mot est encore introuvé ! Quoi ! depuis si long-temps qu’on existe et qu’on meurt, on ne sait pas encore ce que c’est que vivre et mourir ! Inféconde leçon ! quel esprit te comprendra jamais ? D’où vient-on ? où va-t-on ? qui le sait ?… qui le dira ? Tout et puis rien, terrible doute !