Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/99

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mais aigu, inégal, retentissant au cœur. C’était un céleste avertissement, lui disant que sa vie se détachait comme les feuilles, et s’en allait comme elles. Elle les suivait de l’œil, dans leur course errante au gré du vent ; et, lorsqu’un souffle plus fort les en levait de la terre, les dissipait en tourbillons légers :

— Où vont-elles ainsi, pauvres feuilles mortes ? Est-ce à l’abîme, aux nuages, que le vent les donne ?… Mais qu’importe ; d’autres viendront, le deuil des arbres est d’un hiver ; au printemps, ils dépouilleront leur manteau de frimas, ils reprendront leur robe de fête, leur voile de fleurs !… La nature ne meurt pas, elle dort ; et, rafraîchie par le sommeil, elle se réveille belle et parée ; mais moi, je ne me réveillerai pas comme elle ; je ne reprendrai pas mon vêtement d’existence !…

— « Non, continua-t-elle en regardant les cieux, non, je ne puis croire à une