Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/103

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incompris. Là, toute parole trouve un écho, toute pensée enfante un souvenir.

Qu’il devait y avoir longue mémoire dans le cœur d’Arthur pour celles que Louise venait de prononcer ! Elle avait cessé de parler, il l’écoutait encore, et prêtait l’oreille comme à une lointaine vibration.

Mais soudain elle trembla d’un froid convulsif, poussa un cri déchirant, se leva, fut se jeter dans les bras de madame Dérigny, et, posant sa tête sur l’épaule de sa mère adoptive, les yeux fermes :

— « Sauvez-moi, s’écria-t-elle ! ma mère… Arthur, la voyez-vous ? elle vient, la voilà ! défendez-moi ! »

Que voyait-elle ? pourquoi se pressait-elle ainsi frissonnante contre le sein qui l’abritait ?

Un violent coup de vent avait courbé la cime des arbres, et dépouillé une branche immense de toutes ses feuilles, emportées en mugissant. Louise avait cru entendre la mort accourir.