Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/112

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il semble que, ployant sous le poids de cette double douleur, Arthur portant en soi, comme nous l’avons dit, le principe du spleen, le fantôme tentateur du suicide aurait dû se présenter à lui, lui montrant la route, et portant à la main, comme une clef de délivrance, le pistolet, le poison ou le poignard.

Eh bien ! non.

Dans une crise violente de la destinée, se tuer ou vivre peut être également preuve de force, ou marque de faiblesse. C’est lâcheté, c’est manque de ce courage physique qu’il faut pour accepter une dernière souffrance, en se dirigeant une balle vers le front ou une pointe d’acier vers le cœur.

Mais quand la vie est rendue horrible par la misère, les infortunes de l’âme ou l’injustice des hommes, il y a faiblesse de mourir, de ne pouvoir supporter une douleur pure de remords. Il est beau de se décider à vivre, non par une résignation passive, par la crainte de la mort ou le doute de l’existence au-delà de la tombe, mais par la conscience de sa