Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/113

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force pour lutter contre la destinée, pour braver le malheur, en ne se laissant point abattre par ses coups, en tenant la tête toujours plus haute que le joug.

Mais ce ne fut pas par courage qu’Arthur se résigna à subir la vie.

L’indécision et la mélancolie étaient les points dominans de son caractère, et reflétaient une nuance sombre sur chaque sentiment qui passait par son cœur. Le plaisir, le bonheur même, avait en lui quelque chose de triste, de douloureux, car il ne l’acceptait qu’avec crainte. La peine, au contraire, si l’on peut parler ainsi, était seyante à son âme. La mélancolie est friande, a dit Montaigne, et cela est vrai quelquefois ; il y a bien des cœurs que la douleur alimente et que tue le bonheur.

Le séjour de Nantes était devenu pour Arthur impossible à supporter. Il obtint de son père la permission de voyager ; il partit.

Il traversa le midi de la France, vit la Navarre, le Gave et les Pyrénées, la Provence et ses orangers, dont les fleurs semblent