Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/115

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en rejetant loin d’elle comme un poison tout ce qui ne contenait pas un aliment de douleur. Enfin, ayant une fois cédé, comme à une importunité fatigante, aux sollicitations d’un de ses amis nommé Émile, il se laissa conduire au spectacle, où depuis quelques jours un acteur de Paris attirait, par l’aimant d’un talent distingué, la foule admiratrice et curieuse.

La salle était comble ; Arthur et son ami ne trouvèrent de place qu’à l’orchestre. Dérigny écoutait et regardait, sans plus voir et sans plus entendre, que s’il eût été changé en auditeur de marbre. Pendant un entr’acte, il se leva, se retourna du côté de la salle, et promena des regards distraits sur les nombreux spectateurs. En passant machinalement en revue les femmes, dont la brillante toilette décorait de sa fraîche tenture aux mille nuances, le balcon et les premières loges, Arthur tressaillit, changea de couleur, et d’une voix basse, tremblante, violemment émue :