Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/126

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c’était vrai, et ce n’était pas une vérité d’un moment, née du dépit ou du caprice. Hors à Dérigny, jamais elle n’avait dit à personne de cœur et de bouche, je vous aime, dans une signification à part de l’amitié.

Lorsqu’elle fut à lui pour jamais, elle ne se repentit pas de s’être donnée ; son joug d’épouse ne lui parut pas un fardeau. Elle ne regrettait rien, n’attendait rien ; elle marchait au pas du temps, sans désirer de ralentir ou de précipiter sa course. Son esprit ne franchissait pas le présent, elle était enfin heureuse d’une félicité passive, et il s’en fallait de beaucoup que le sort de son mari ressemblât au sien. Cette différence était la faute de tous deux. Pour composer en commun le bonheur d’Arthur, l’un demandait trop, l’autre ne donnait pas assez, quoiqu’elle donnât tout… Mais voici qui devient une énigme… Vite le mot.

Arthur, en épousant une Espagnole, avait cru trouver dans sa femme une âme ardente, passionnée, volcanique comme le ciel de sa