Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/135

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patrie ? soupirait-il auprès de son cœur comme un accent d’amour ? reculait-il vers le passé ? s’élançait-il vers l’avenir, ou se reposait-il sur le présent ? était-ce souvenir, espérance ou réalité ? Mystère !… De tels songes ne se révèlent pas, on les garde dans le secret de l’âme ; on sait trop bien ce qu’ils signifient pour appeler une interprétation étrangère au secours de l’explication qu’on leur donne.

Mais quelle que soit la nature de cette sorte de rêves et quel que fût celui dont se berçât la belle dormeuse éveillée, ce qu’il y a de certain, c’est qu’effrayé par un léger bruit, celui de la porte ouverte et refermée, il déploya ses ailes et s’envola. Madame Dérigny se souleva sur son séant : c’était Arthur.

Ce visage si pâle était plus pâle encore ; sur ses traits retirés et livides se peignait une émotion profonde, amère, comprimée. Il s’approcha de sa femme, déposa sur son front un baiser froid, glacé comme le contact du marbre, et, sans rien dire, se plaça près