Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/141

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monter le sang au visage, une vive rougeur prit un instant, sur ses joues, la place de leur pâleur accoutumée.

— « Vous insulter ! s’écria-t-il. Mais non, non, je ne vous insulte pas ! non, ce n’est pas à toi que ce que je viens de dire doit sembler une phrase d’injure. Qu’une Française se croie ou se prétende outragée par une telle question… bien… Mais toi, Francisca, toi Espagnole, toi qui, tout enfant, as dû être endormie, bercée au bruit d’un refrain d’amour, toi qui, dans tes premières paroles, as dû bégayer le mot amour ; qui, plus tard, quand tu l’as compris, as dû l’entendre résonner dans l’air comme une vibration habituelle, le trouver dans toutes les bouches comme un accent national, un vieux mot du pays… toi, qui as dû respirer l’amour dans tous les parfums, l’écouter dans tous les sons, le voir dans tous les objets… ce n’est pas toi que j’outrage en te demandant si tu avais aimé, en doutant qu’au sein de la patrie, dix-neuf ans d’une