Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/142

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vie d’Espagnole, se soient écoulés sans amour. »

Il se tut, attendant une réponse, la demandant du regard. Mais Francisca, muette, étonnée d’une pareille question, s’interrogeait elle-même, et ne trouvant rien à se dire, gardait le silence à la voix comme à la pensée.

— « Et votre réponse, vous ne me la faites pas ? vous voyez bien pourtant qu’il me la faut.

— Arthur !

— Ah ! si tu as aimé, ne crains pa « de l’avouer, ne rougis pas d’un tel aveu. Je t’ai bien dit, moi, que j’avais adoré une autre femme ; je t’ai dit que cette passion, toute faite dans mon cœur avant de te connaître, tu ne l’avais obtenue, ou plutôt prolongée, que parce qu’en t’aimant, c’était elle encore que j’aimais en toi ; que tu la rendais à mon âme comme tu la rendais à mes yeux. Et quand je t’ai dit cela, en m’écoutant, tu n’as pas ressenti pour moi du mépris, de la haine… Ne crains donc pas de me paraître