Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus criminelle d’un autre amour, que je ne t’ai semblé coupable du mien. Eh bien ! tu te tais encore ; parle, réponds-moi ; de grâce, avais-tu aimé ?

— Non.

— Et depuis ?

— Que voulez-vous dire ?

— Tu ne me comprends pas ?

— Non.

— Peut-être finiras-tu par m’entendre. Voyons… Ici sa voix fit une légère pose. Il reprit : Francisca, depuis que tu m’appartiens, n’as-tu jamais regretté d’être à moi ? n’as-tu jamais, pleurant en secret ta liberté perdue, senti le poids du joug et désiré de voir rompre la chaîne qui lie ton sort au mien ?… ton cœur ne m’a-t-il rien ôté de ce qu’il m’avait donné d’affection ? ne s’est-il jamais détourné de moi pour aller vers un autre ? enfin, depuis que tu m’aimes, m’as-tu toujours aimé ? m’aimes-tu encore ?… m’aimes-tu seul ? »

Une aussi singulière conclusion eût, certes,