Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/144

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excité dans une autre femme un accès de colère ardente, impétueuse, bouillonnante, brisant du choc de ses flots débordés toutes les digues de la retenue ; mais chez la presque impassible madame Dérigny, toute émotion, quelque violente qu’elle fût, ne pouvait se communiquer au-dehors avec la force d’un torrent, la promptitude d’une commotion électrique. Cependant elle était émue, un léger tremblement dans sa voix témoigna seul de son agitation.

— « Arthur, avant de vous répondre, vous me permettrez, je l’espère, de vous interroger à mon tour, de vous demander quel motif vous porte à m’adresser l’insultante question que vous venez de me faire.

— Insultante !

— Oui, elle l’est, et vous m’en expliquerez la cause ; vous m’avez donné le droit de l’exiger, en me contraignant à vous entendre. Maintenant, Arthur, c’est à vous de répondre. Je vous écoute. Tâchez, si vous pouvez, d’abaisser votre esprit au niveau de ma fai-